Zumthor

L'expérience sensuelle des Thermes de Vals reste un de mes souvenirs d'espace les plus magiques. La caresse de la pierre sous la paume des pieds, le parcours de lumières, de pénombres et d'échos vers le bassin, le miroir d'eau contigu du miroir de pierre, la brume et les flocons de neige sur le liquide noir, le béton anthracite et rugueux ou aile de corbeau et lisse, les carrés d'alpages capturés dans l'épaisseur d'ombre des murs, les lignes impermanentes et tranchantes sur le calepinage bleu-argent, la course du soleil matinal effaçant les empreintes de main sur la pierre. L'architecture y apparaît comme un filtre, un médium pour la vie qui passe. Elle la met en scène et existe au travers de cet enrichissement. Ses alliés deviennent le brouillard, la nuit étoilée, le velours d'herbe printanier, l'orage de montagne ou encore les murmures des nageurs. C'est une architecture poétique mais extrêmement concrète, tangible, ancrée dans le réel du corps sensuel.

retour